Hortiloire a fêté trente ans d’achats au meilleur coût
Le GIE, qui rassemble des producteurs de la Loire, a été créé en 1989 pour acheter groupés pots, substrat ou autres fournitures. Au fil des années, ils ont noué des liens au-delà de la sphère strictement professionnelle.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
On dit parfois à propos des gens qui réussissent des choses qui semblent improbables : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Une maxime attribuée à l’écrivain Mark Twain. Et qui pourrait s’appliquer au GIE Hortiloire, qui vient de fêter ses trente ans alors que, lors de la phase de lancement, ils étaient peu nombreux à y croire !
La vingtaine de producteurs du département de la Loire qui adhèrent à ce GIE ont fêté dignement cet anniversaire en septembre dernier, fiers de la performance accomplie : négocier les approvisionnements pour permettre à tout un chacun, même celui qui réalise le plus petit chiffre d’affaires, d’obtenir les meilleurs prix sur ses fournitures. Et ce malgré ceux qui disaient, en 1989, que « les groupements en horticulture n’avaient jamais marché et que le nôtre ferait de même », comme l’a rappelé Bernard Frédière, actuel secrétaire, lors de l’anniversaire, en dépit des réticences de certains producteurs à révéler à tous le nombre de pots dont ils avaient besoin pour telle culture, de peur que tout le monde connaisse leur stratégie de production, et surtout de la frilosité de certains fournisseurs, craignant de voir s’éroder leurs marges en concédant des prix qu’ils n’offrent qu’aux très grosses structures...
« En achetant groupés, nous aurions des prix… et moins de travail ! »
« Tout a débuté à l’initiative de la DDA, la direction départementale de l’Agriculture, qui a contacté la chambre professionnelle de la Loire, se souvient le premier président du GIE, Jean Giron-Bourdon, qui a présidé la structure pendant dix-neuf ans. Son directeur était conscient que si nous achetions groupés, nous aurions des prix. Et moins de travail : un membre du GIE reçoit un fournisseur et la négociation est réglée pour l’ensemble des adhérents. » Une fois résolue la question de la responsabilité juridique, après consultation de spécialistes il a été jugé que le GIE était la structure la mieux adaptée. Le travail a pu débuter avec l’appui de la DDA. Une lettre a été envoyée à tous les producteurs du département, qu’ils soient syndiqués ou non. Sur les quelque 70 entreprises recensées à l’époque, un groupe de 22 s’est formé. Au bout de deux ans, il a volé de ses propres ailes. Le nombre d’adhérents est convenable. En effet, s’ils sont trop nombreux, les producteurs pensent que l’organisation est trop compliquée à gérer. C’est pour cette raison qu’ils n’ont pas donné suite aux sollicitations de confrères du nord de l’Ardèche qui souhaitaient les rejoindre.
Hortiloire fonctionne de manière simple : « Tout est réalisé de manière bénévole. Il y a un responsable par produit qui regroupe les besoins de chaque adhérent et qui lance l’appel d’offres auprès des fournisseurs, a expliqué Georges Landy, deuxième président du GIE, lors de la soirée anniversaire. Le choix des fournisseurs se fait après discussion par petits groupes. Ensuite, les commandes sont livrées soit directement chez le producteur si la quantité est importante, soit plusieurs commandes sont réunies chez l’un des producteurs. La facturation est individuelle. »
Au passage, la cotisation est la même quelle que soit la structure des entreprises. Coûte-t-elle proportionnellement davantage aux petits producteurs qu’aux gros ? Oui, mais les petits profitent le plus des prix bas. Les grosses structures bénéficieraient de toute façon de prix attractifs même sans avoir recours au GIE, estiment les adhérents. Et cette cotisation reste modeste : 200 euros, auxquels s’ajoute la même somme en frais de fonctionnement. Les jeunes structures qui voudraient intégrer le GIE doivent attendre d’avoir fait leurs preuves pendant deux ans. Les commandes étant payées par le producteur auprès du fournisseur, sa solvabilité est donc importante, le GIE s’y engage indirectement…
Reste la difficulté de la compétition entre les uns et les autres. À l’échelle d’un département, cette concurrence existe forcément. « Mais pour les ventes, qu’elles soient en gros ou au détail, nous avons tous notre zone de chalandise, estiment les producteurs. De plus, il nous arrive déjà fréquemment de nous dépanner les uns les autres, donc cette concurrence est relative ! »
Quant à imaginer passer au stade de la vente en commun, personne ne l’a jamais envisagé : « Il y a trop de différence entre nos entreprises. Cela ne s’est pas fait via le GIE, mais des initiatives individuelles existent. »
Travailler en commun… et prendre du plaisir tous ensemble !
En revanche, les adhérents du GIE ont trouvé d’autres terrains d’entente que celui des achats groupés. Les réunions de travail sont assez peu nombreuses, une assemblée générale annuelle suffit à caler l’ensemble des activités. Mais des voyages professionnels sont organisés régulièrement, une année au Salon IPM d’Essen, en Allemagne, au Salon du végétal, également… D’autres voyages moins en rapport avec l’horticulture sont aussi proposés : la visite de la source Badoit, à Saint-Galmier, toute proche, ou encore dans le Beaujolais, toujours avec conjointes et conjoints. De quoi entretenir l’amitié... Au fil du temps, « nous sommes devenus plus que des collègues », affirment-ils en chœur. Les adhérents du GIE ont aussi tissé des liens étroits avec l’organisation du concours local des Villes et villages fleuris, participant aux jurys départementaux et offrant aux particuliers récompensés dans les catégories des jardins et balcons fleuris des bons d’achat financés pour moitié par le GIE à faire valoir chez le producteur de leur choix.
La structure assure aussi des modules de formation pour les adhérents, techniques ou économiques. Le Certiphyto ou l’entretien des pulvérisateurs en sont des exemples.
L’amitié qui lie les adhérents les a aussi aidés à passer les mauvais moments qui se sont présentés au cours des trente années d’existence du GIE. Des difficultés économiques, comme lorsque la grêle a touché Eyraud Plants, ou les événements de la vie, comme les décès de Jacques Gueydon ou Jean-Jacques Bouchut, adhérents de la première heure, ou du jeune pépiniériste Rémi Berger.
Aujourd’hui, la structure compte 19 adhérents. Des entreprises ont cessé leur activité, sont parties, d’autres sont arrivées… Mais le tissu local d’horticulteurs semble plutôt solide. Les entreprises sont presque toutes en phase de transmission, et même pour la plupart réalisées. Ce sont soit des enfants des producteurs, soit des salariés, qui reprennent, mais la continuité est le plus souvent assurée.
Ensemble, on a plus d’atouts pour avancer et construire !
Impossible de dire si Hortiloire a un quelconque impact sur cette bonne santé des entreprises locales, mais force est de constater que les adhérents affichent une belle volonté de continuer à aller de l’avant. Ils sont animés par un désir de se retrouver, pour pérenniser l’action économique mais aussi pour le simple plaisir d’être réunis. Comme cette soirée de septembre, pour l’anniversaire du GIE, l’a illustré.
« Au cours de ces trente ans et bien que le but premier du GIE soit une raison économique, nous nous sommes rendu compte qu’il est important de créer des moments où notre groupe se retrouve et fait corps, qu’il est bon pour chacun d’entre nous de sentir ce qui nous relie, de voir que nous ne sommes pas seuls et qu’ensemble nous avons plus d’atouts pour avancer et construire », explique le président, Jacques Manneveau. Une action commune positive qui méritait bien une fête !
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :